Bloomfield/Kooper/Stills - Super Session 1968
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Phil cotton color
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Re: Bloomfield/Kooper/Stills - Super Session 1968
Phil cotton color a écrit:
Je ne suis pas certain que Bloomfield était si humble que cela et ne cherchait pas vraiment à faire une carrière. Si cela avait été le cas, il aurait certes admiré Hendrix, mais sans être traumatisé par sa soudaine arrivée et ça ne lui aurait pas "coupé les ailes".
Je l'ai écrit plus haut. au début il voulait être le meilleur. ce n'est pas pour autant qu'il ne pouvait pas être humble notamment face à ses idoles et très lucide face à ses compétences.
Mike Bloomfield (extrait de son compte rendu sur hendrix) :
La première fois que j'ai vu Jimi jouer, c'était avec Jimmy James & The Blue Flames. Je jouais avec Paul Butterfield et je pensais être le meilleur guitariste du coin ! Je n'avais jamais entendu parler d'Hendrix. Alors quelqu'un m'a dit :
"Tu devrais aller écouter le guitariste de John Hammond."
J'étais au "Cafe au Go Go" et il était au "Nite Owl" ou au "Café Wha", j'ai traversé la rue et je l'ai vu. Hendrix savait qui j'étais, et ce jour là, en face de moi, il m'a désintégré. Des bombes H dégringolaient, des missiles téléguidés volaient dans tous les coins - je ne te raconte pas les sons qui sortaient de sa guitare. Tous les sons que je devais l'entendre reproduire plus tard, il les a faits, dans cette piece, avec une Strat, un Twin, une Maestro Fuzz-Tone, et c'est tout - il jouait à un volume très poussé. J'aurais aimé comprendre comment il faisait tout ça. Il m'a ébloui avec sa guitare et, pendant l'année qui a suivi, j'ai à peine touché la mienne. J'étais intimidé. Je n'avais jamais rien entendu de tel...
Phil cotton color a écrit:
Et ce n'est d'ailleurs pas un reproche. La grande majorité des musiciens rêvent d'être LE meilleur. C'est sans doute un peu puéril, mais c'est humain. Pour beaucoup, le rêve s'éloigne bien vite devant la réalité (pour ma part, ça n'a pas traîné... ), mais pour d'autres, même les très bons (j'aurais même tendance à dire "surtout" les très bons), c'est parfois plus difficile à avaler qu'on ne sera jamais CE meilleur, cette référence. Voir à ce propos l'anecdote rapportée par Pete Townsend dans "A film about Jimi Hendrix" qui raconte qu'à l'arrivée d'Hendrix à Londres, il est soudain devenu très ami avec Eric Clapton et que cela a cessé tout aussi soudainement au départ d'Hendrix. Et il explique cela a postériori par le fait qu'Hendrix était trop bon et les menaçait tous deux dans leur statut de guitaristes vedettes.
tout cela est vrai et connu
Mike Bloomfield :
Il (Hendrix) disait toujours : "On vit dans un monde guitaristes solistes, mais la chose primordiale à apprendre, c'est le sens du temps, le rythme." Un jour, il m'a dit vouloir incinérer Clapton parce que celui-ci ne jouait pas de rythmique. Jimi pouvait jouer une ligne de basse, l'étoffer avec des accords, et, pendant ce temps-là, jouer un solo en faisant résonner une note aigue au traves de positions d'accords peu orthodoxes. Il avait un immense pouce dont il se servait comme doigt supplémentaire ; ses doigtés d'accords étaient donc tout sauf conventionnels.
Carlos Santana :
Un jour, on était au Fillmore (en 1971, pour les concerts de fermeture), il était très embêté parce qu’il avait toujours un tas de gens autour de lui. Il était adoré comme le centre de la galaxie. Il me regarda avec un air du genre, "Mon dieu, j’aimerai juste partir d’ici et faire quelque chose d’autre".
Je me souviens de lui avoir dit un truc vraiment méchant, quelque chose de vraiment mauvais. Je lui ai demandé de me pardonner. On a réglé ça avant qu’il parte. Mais j’ai dit, "Mec, un de ces jours, je te dépasserai". J’étais comme un joueur, comme un bandit. Aussitôt que c’est sorti, je me suis sentit mal. J’étais gêné d’avoir dis ça à cet adorable personne. Il me regarda et me répondit "Oh, c’est okay, je le veux pour toi aussi, mec. Tu y arrivera. Un de ces jours, tu seras plus fort que moi, c’est okay mec, je le veux pour toi aussi".
Il avait la sagesse de dire, "je le veux pour toi et je sais que tu arriveras. Je t’encourage à le faire" ; ça blesse encore plus. Tout le monde m’a regarder genre "Mec, comment peux-tu dire un truc pareil à Michael", et je répondais, "Je sais".
Je l’ai vu cinq ou six ans après, il est venu à la fermeture du Fillmore. Je me suis excusé toute la nuit pour avoir dit ça. "Oh mon dieu, tu te souviens ? je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Oh, mec, je suis désolé" et il m’a répondu, "t’en fait pas avec ça mec. On le fait tous, mec. Je sais d’où ça vient. Ne t’en fait pas."
Il m’a donné une grande leçon. Il me la donné en face. Il m’a donné cette confidence intérieure, et une autre forme de sagesse - maintenant je n’ai plus besoin de le faire à personne. Je ne suis plus en compétition. Je pense que consciemment et inconsciemment il m'a inculqué ces valeurs, pas juste jouer de la guitare électrique.
j'ai du mal à croire que ce sont des intuitions, il y a de la recherche derrière tout celaPhil cotton color a écrit:
Pour Bloomfield, je pense que c'est encore plus complexe que cela. Attention mes propos n'engagent que moi et sont davantage le fruit d'intuitions personnelles, plutôt que d'une connaissance approfondie du bonhomme et de sa vie.
tu n'a pas tort sur le fond. il le dit lui même à posteriori.Phil cotton color a écrit:
Mais il me semble justement que le problème de MB aura surtout été de réaliser qu'il ne serait jamais celui qu'il aurait voulu être. Et pour corser le tout, je pense qu'il y avait une dualité ambivalente (presque "à 180 °") dans ses désirs entre celui d'être un "vrai" bluesman pur et dur courant le cacheton dans les bouges du Southside/westside et celui de devenir une star rock adulée. Dur de se rendre compte qu'il ne pouvait être ni l'un ni l'autre ! Pas "vrai" bluesman sur le long terme à cause de sa culture et de son éducation de fils de famille bourgeoise (voir son compagnonnage douloureux avec Big Joe Williams), et pas rock star non plus, à cause de sa personnalité trop peu exibitionniste et, sans doute, d'un petit manque d'originalité musicale.
Pour moi cette dualité est un peu celle de tout les guitaristes de blues rock sauf qu'il est quand même le premier à y être confronter. le terme guitar hero n'existait même pas à l'époque pas plus qu'un blanc jouant du blues.
quand je vois que tu lui reproche un peu son trop plein d' académisme dans un forum de blues. c'est quand même dingue non ?.
si un guitariste blanc ne joue pas le blues comme il faut c'est finalement la même chose que si il le joue trop bien > ce n'est pas original de toute façon, il lui manque quelque chose
cynisme ok mais n'oublie pas aussi sa lucidité. il balance des trucs pour l'époque qu'on a jamais entendu d'un guitar hero.Phil cotton color a écrit:
Si on ajoute par dessus une instabilité chronique (Bi polaire, avançait Bloomers), on peut comprendre ses problèmes, mais aussi son cynisme désespéré dans l'interview postée par Bloomers et également son suicide.
Mais encore une fois, hypothèses personnelles et donc assez gratuites...
J'ai une autre interview. de 1968 pour rolling stone je vais la poster dans la partie bloomfield
Bloomers- Doctor es Bloomfield
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Re: Bloomfield/Kooper/Stills - Super Session 1968
Tient c'est bizarre je ne vois pas Bloomfield comme quelqu'un de partagé entre les
On est quand même loin avec lui des ego surdimensionné d'un Jagger ou d'un Springsteen. Je me demande même s'il était venu en Europe ?désirs d'être un "vrai" bluesman pur et dur courant le cacheton dans les bouges du Southside/westside et celui de devenir une star rock adulée.
Re: Bloomfield/Kooper/Stills - Super Session 1968
Non non... Je n'avais jamais suivi de près la vie de Michael Bloomfield, ni son oeuvre d'ailleurs. Ces différents topics sur lui m'auront permis d'en apprendre beaucoup plus ! Donc, pas de recherches, mais des intuitions à partir notamment de l'interview de lui que tu as posté ! Si finalement je suis tombé assez juste, c'est que j'aurais du faire des études de psycho...Bloomers a écrit:j'ai du mal à croire que ce sont des intuitions, il y a de la recherche derrière tout celaPhil cotton color a écrit:
Pour Bloomfield, je pense que c'est encore plus complexe que cela. Attention mes propos n'engagent que moi et sont davantage le fruit d'intuitions personnelles, plutôt que d'une connaissance approfondie du bonhomme et de sa vie.
Autrement, hors sujet, je rejoins parfaitement l'appréciation de MB concernant le jeu d'accompagnement de Jimi Hendrix qui m'a toujours fasciné, notamment l'utilisation des basses dans ses accords (si l'on peut appeler "accords" ce que jouait Hendrix en accompagnement, plutôt des motifs à partir d'accords).
A ce propos, son accompagnement dans la fameuse version live de "Little Wing" au Royal Albert Hall m'a toujours semblé un chef d'oeuvre de sobriété, de finesse et de plénitude à la fois. Pas une note de trop et pourtant un espace harmonique rempli au point que l'on ne voit pas ce qu'un instrument complémentaire aurait pu apporter.
Oui pas faux mais cela rejoint une de mes réponses dans un autre topic que tu lui consacres. Le problème avec MB est que s'étant limité presque exclusivement au Blues, on ne peut vraiment le comparer qu'aux bluesmen noirs qui ont eu la même démarche, et là je trouve que question style personnel, il souffre de la comparaison avec beaucoup...Bloomers a écrit:tu n'a pas tort sur le fond. il le dit lui même à posteriori.
Pour moi cette dualité est un peu celle de tout les guitaristes de blues rock sauf qu'il est quand même le premier à y être confronter. le terme guitar hero n'existait même pas à l'époque pas plus qu'un blanc jouant du blues.
quand je vois que tu lui reproche un peu son trop plein d' académisme dans un forum de blues. c'est quand même dingue non ?.
si un guitariste blanc ne joue pas le blues comme il faut c'est finalement la même chose que si il le joue trop bien > ce n'est pas original de toute façon, il lui manque quelque chose
Oui lucide aussi, je te l'accorde. Mais derrière sa lucidité, on devine pas mal d'aigreur...Bloomers a écrit:
cynisme ok mais n'oublie pas aussi sa lucidité. il balance des trucs pour l'époque qu'on a jamais entendu d'un guitar hero.
Comme chacun d'entre nous, Bloomfield était certainement bourré de contradictions. Je crois simplement qu'il n'était peut être pas assez armé psychologiquement pour les affronter et les assumer complètement.
Phil cotton color- Chicago Hero
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Re: Bloomfield/Kooper/Stills - Super Session 1968
t'emballe pas...tu peux aussi et simplement me remercier de poster une interview qui montre l'honnêteté quand à mon approche du personnagePhil cotton color a écrit:
Non non... Je n'avais jamais suivi de près la vie de Michael Bloomfield, ni son oeuvre d'ailleurs. Ces différents topics sur lui m'auront permis d'en apprendre beaucoup plus ! Donc, pas de recherches, mais des intuitions à partir notamment de l'interview de lui que tu as posté ! Si finalement je suis tombé assez juste, c'est que j'aurais du faire des études de psycho...
de mon côté, je te remercie d'avoir essayé de cerner un peu mieux le personnage plutôt que de me sauter à la gorge.
là je ne te rejoins pas mais j'ai un avantage de taille. je connais presque toute sa discographie.Phil cotton color a écrit:
Oui pas faux mais cela rejoint une de mes réponses dans un autre topic que tu lui consacres. Le problème avec MB est que s'étant limité presque exclusivement au Blues, on ne peut vraiment le comparer qu'aux bluesmen noirs qui ont eu la même démarche, et là je trouve que question style personnel, il souffre de la comparaison avec beaucoup...
il y a de quoi à mon sens...peut être qu'un peu plus de lucidité/recul aurait pu sauver Hendrix, Morrison, Joplin etcPhil cotton color a écrit:
Oui lucide aussi, je te l'accorde. Mais derrière sa lucidité, on devine pas mal d'aigreur...
peut être aussi qu'il ne les affrontais pas pour se prémunir et que pour lui tout ce cirque n'avais finalement grand chose à voir avec la musique.Phil cotton color a écrit:
Comme chacun d'entre nous, Bloomfield était certainement bourré de contradictions. Je crois simplement qu'il n'était peut être pas assez armé psychologiquement pour les affronter et les assumer complètement.
Bloomers- Doctor es Bloomfield
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