Alain Bashung-Play Blessures

Play Blessures est maintenant « culte », « incontournable »... les qualificatifs comme les superlatifs abondent dans la presse dès qu'il s'agit d'évoquer cet album qui en son temps reçut pourtant un accueil mitigé. Quand le disque sort en 1982, Bashung, pour le grand public, c'est encore le chanteur du tube Gaby, avec son texte rigolo que l'on doit à son complice Boris Bergman. Avec Play blessures, le chanteur va mettre à mal cette image, radicalement : exit la rigolade, franchement l'ambiance de cet album ne s'y prête pas plus que ça... Exit également Bergman (pour cause de brouille),Gainsbourg co-signe ici la plupart des textes.
Le résultat tient en une trentaine de minutes, très marquées par la new wave, alors en plein essor. Les inévitables et habituels calembours sont de mise (Trompé d'érection), mais une certaine froideur aussi (Lavabo, Scènes de manager). La présence très appuyée des synthés et autres boites à rythme y est pour beaucoup. C'est là un aspect de Play Blessures qui peut déplaire ou au contraire séduire. De toute façon, c'est un album qui nécessite plusieurs écoutes, qui s'apprivoise en quelque sorte. On y trouve des choses très anecdotiques (l'instrumental Prise femelle , par exemple) et des morceaux incontournables comme Volontaire ou Martine boude, que Bashung interprétera très souvent sur scène.
On retiendra surtout que rétrospectivement, Play blessures est emblématique d'une démarche à laquelle l'artiste ne renoncera jamais: expérimenter en permanence, même au mépris des enjeux commerciaux d'une carrière. En ce sens, c'est un disque important.