Nous sommes en 1931
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Old_Debris
Blind Willie Régis
T.Jiel
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Nous sommes en 1931
Je vous propose un jeu : l'idée, c'est que vous entriez dans la peau de Koko Owens et qu'au bout de l'histoire vous proposiez un Blues en particulier, qui vous prend aux tripes (si possible accompagné d'un mp3 ou d'une vidéo, de photos...). N'hésitez pas à continuer l'histoire si ça vous vient!!
Nous sommes en 1931. Vous vous appelez Koko Owens, vous avez 22 ans et vous vivez dans un trou perdu à 12 miles au sud de Laurel, Mississipi. Vous bossiez encore la semaine dernière chez un p'tit fermier blanc que la crise a finalement mis par terre. Plus de boulot, donc. Pas drôle. En plus vous êtes l'aîné(e) d'une fratrie de 7 et à la maison vos vieux s'accrochent comme des damnés sur leurs 2 ha de terre brûlés par la sécheresse, mais ne s'en sortent pas non plus. Et pour finir vous êtes black. Et ça, par les temps qui courent...
Heureusement aujourd'hui c'est samedi. Et le samedi vous allez chez Gus qui tient un juke au carrefour sur la route d'Ellisville à Crotts. Retrouver les amis. Danser. Ecouter de la musique. Les musiciens y viennent parfois de loin. Vous, ce que vous préférez, c'est cette nouvelle musique que votre mère n'aime pas trop.
Et ce soir, quand vous êtes arrivé, ça jouait déjà sur l'estrade. Et c'était justement un truc comme vous les aimez. Et là, vous êtes tombé(e) sur le cul. Exactement ce que vous aviez besoin d'entendre! Quand le morceau s'est arrêté, vous vous êtes approché(e) et vous avez demandé ce que c'était, qui c'était....
Nous sommes en 1931. Vous vous appelez Koko Owens, vous avez 22 ans et vous vivez dans un trou perdu à 12 miles au sud de Laurel, Mississipi. Vous bossiez encore la semaine dernière chez un p'tit fermier blanc que la crise a finalement mis par terre. Plus de boulot, donc. Pas drôle. En plus vous êtes l'aîné(e) d'une fratrie de 7 et à la maison vos vieux s'accrochent comme des damnés sur leurs 2 ha de terre brûlés par la sécheresse, mais ne s'en sortent pas non plus. Et pour finir vous êtes black. Et ça, par les temps qui courent...
Heureusement aujourd'hui c'est samedi. Et le samedi vous allez chez Gus qui tient un juke au carrefour sur la route d'Ellisville à Crotts. Retrouver les amis. Danser. Ecouter de la musique. Les musiciens y viennent parfois de loin. Vous, ce que vous préférez, c'est cette nouvelle musique que votre mère n'aime pas trop.
Et ce soir, quand vous êtes arrivé, ça jouait déjà sur l'estrade. Et c'était justement un truc comme vous les aimez. Et là, vous êtes tombé(e) sur le cul. Exactement ce que vous aviez besoin d'entendre! Quand le morceau s'est arrêté, vous vous êtes approché(e) et vous avez demandé ce que c'était, qui c'était....
Dernière édition par T.Jiel le Dim 11 Sep 2016 - 17:27, édité 4 fois
T.Jiel- ça marche pô chez moi
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Re: Nous sommes en 1931
Je commence, donc :
C'était un type en costard qui jouait seul de la guitare. Il m'a dit : "Hello fils! Comment ça va? Tu as aimé?"
"je m'appelle Robert et le truc que je viens de jouer, c'est une de mes compos. Ca s'appelle Me and the devil, et c'est un Blues mon gars."
Il m'a sérieusement branché, ce Robert Johnson. Avec les amis, on l'a écouté jusqu'au matin, et on est revenus le lendemain soir chez Gus!
A vous de...jouer !
C'était un type en costard qui jouait seul de la guitare. Il m'a dit : "Hello fils! Comment ça va? Tu as aimé?"
"je m'appelle Robert et le truc que je viens de jouer, c'est une de mes compos. Ca s'appelle Me and the devil, et c'est un Blues mon gars."
Il m'a sérieusement branché, ce Robert Johnson. Avec les amis, on l'a écouté jusqu'au matin, et on est revenus le lendemain soir chez Gus!
A vous de...jouer !
T.Jiel- ça marche pô chez moi
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Age : 68
Localisation : Le Mans
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Nous sommes en 1931
Ce samedi soir là, nous avions rencontré un géant qui nous avait tous mis une claque mais un mois plus tard, nous avons assisté à un concert d'anthologie. Le concert d'un gars dont Johnson allait s'inspirer… Mon dieu quel style de guitare particulier il avait ce gars là !! C'était Nehemiah Curtis "Skip" James !
Ce qui est fou, c'est qu'on a plus entendu parler de ce type pendant les 30 années qui ont suivi !
Mais ça, Koko et ses potes ne s'en doutaient pas une seconde. Ils ont juste profité de ce moment de grâce. Après cette soirée là, Koko n'avait plus aucun doute … Lui aussi, il voulait chanter le blues ! Lui aussi, il voulait monter sur l'estrade de Gus un jour ! Et il comptait bien s'en donner les moyens ...
Ce qui est fou, c'est qu'on a plus entendu parler de ce type pendant les 30 années qui ont suivi !
Mais ça, Koko et ses potes ne s'en doutaient pas une seconde. Ils ont juste profité de ce moment de grâce. Après cette soirée là, Koko n'avait plus aucun doute … Lui aussi, il voulait chanter le blues ! Lui aussi, il voulait monter sur l'estrade de Gus un jour ! Et il comptait bien s'en donner les moyens ...
Blind Willie Régis- Delta King
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Re: Nous sommes en 1931
En attendant il fallait bouffer, les champs pas moyens d'y couper pour des pov'neg' comme nous, heureusement il y avait le chant pour se donner du courage.
Re: Nous sommes en 1931
Surtout que le Patron s'y entendait à nous faire trimer from Sun up to Sundown, et cte pov'mule elle aussi elle en bavait. Après avec notre maigre paye on allait au magasin de la plantation redonner l'argent si chèrement gagné contre quelques haricots, de la farine et du café.
En rentrant à mon Shack je fredonne cet air qui mobsède et qui vient d'un des types avec lesquel ce robert Johnson fricote dans les Juke joint du coin
En rentrant à mon Shack je fredonne cet air qui mobsède et qui vient d'un des types avec lesquel ce robert Johnson fricote dans les Juke joint du coin
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Re: Nous sommes en 1931
Quand en plus d'être black tu es aussi aveugle, tu te dis que l'Eglise du dimanche ne peut pas grand chose pour toi.
Alors tu n'as pas trop le choix, si tu veux espérer manger à ta faim....Il faut bien quelqu'un pour distraire ceux qui rentrent des champs de coton. Alors ce soir c'est samedi, on oublie tout ....enfin presque.
Alors tu n'as pas trop le choix, si tu veux espérer manger à ta faim....Il faut bien quelqu'un pour distraire ceux qui rentrent des champs de coton. Alors ce soir c'est samedi, on oublie tout ....enfin presque.
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Re: Nous sommes en 1931
et voilà, une fois de plus je n'ai pas pu m'empêcher d'abuser du whisky frelaté de mon juke joint en écoutant Blind Willie McTell !
après un chemin tâtonnant pour rentrer chez moi, je pousse la porte et je m'aperçois qu'il n'y a que moi à la maison tandis que la radio susurre méchamment :
ça m'apprendra !
et je ne sais pas où est passé le chien ...
après un chemin tâtonnant pour rentrer chez moi, je pousse la porte et je m'aperçois qu'il n'y a que moi à la maison tandis que la radio susurre méchamment :
ça m'apprendra !
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Re: Nous sommes en 1931
Vous me réjouissez, les amis!!! Joli voyage! Et pour l'instant... (ha oui, j'avais pas dit : celle ou celui qui se plante dans le scénario, hop, le goudron et les plumes! ) ... vous vous en sortez tous très bien.
Hop hop hop!!! Je lis sur la vidéo de Jungle : 1940... Hé hé, j'espère que tu as bien vérifié la date, boss...
Un peu d'aide pour les néophytes : on apprend plein de trucs en prenant le train du site : http://aupaysdublues.free.fr/
Allez, roulez jeunesse! A qui le tour???
Hop hop hop!!! Je lis sur la vidéo de Jungle : 1940... Hé hé, j'espère que tu as bien vérifié la date, boss...
Un peu d'aide pour les néophytes : on apprend plein de trucs en prenant le train du site : http://aupaysdublues.free.fr/
Allez, roulez jeunesse! A qui le tour???
T.Jiel- ça marche pô chez moi
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Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Nous sommes en 1931
le titre de McClennan c'est bien de 1940 mais un peu de mauvaise foi ne nuit pas : c'était juste pour ne pas remettre du Blind Willie McTell dont la version date de 1931
et j'en profite pour déplace vers "à propos du blues"
et j'en profite pour déplace vers "à propos du blues"
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Re: Nous sommes en 1931
Non mais c'est une blague !!?? Il est où ce foutu clebard ??!! Vu la cuite que je tiens, je ne vais surement pas aller m'aventurer à le chercher à travers champs à cette heure ci !!! Alors là certainement pas !! Je vais aller me coucher, il réapparaîtra surement demain ! En tout cas, ça me donne envie de chanter une chanson où ça parle de chien tiens … Comment ça fait déjà cette chanson que j'ai entendu l'autre jour à la radio … Ah merde, le gars s'appelait Leroy Carr …. "Aiiiiiiiie putain de table de nuit !!! Qui a eu idée de la déplacer ????!!!!!!"
Blind Willie Régis- Delta King
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Re: Nous sommes en 1931
(Riche idée, Tidji! )
...Je me suis réveillé passablement vaseux, au chant strident du coq, le matin suivant, le crâne enserré dans un étau, pulsant à un rythme d'enfer, comme si mille marteaux cognaient de concert sur l'enclume de notre forgeron local.
Une senteur tenace de magnolia planait au dessus de ma couche, décuplant ma migraine. C'était celle, reconnaissable entre toutes, avec laquelle Lucy Mae se parfumait chaque dimanche et jour de fête. Il s'agissait d'un macérat de fleurs élaboré selon une recette familiale, transmise de mères en filles, et dont le joli flacon, triste reliquat de coquetterie délaissé dans sa fuite, s'était brisé lors de ma rencontre nocturne avec cette maudite table de nuit...
Lucy, ma tendre et toute à la fois volontaire petite-amie, s'était faite la malle pour Chicago, sur un coup de tête, voici plusieurs semaines déjà.
Elle voulait tenter sa chance dans la windy city, à l'égal de Memphis Minnie, qui y brillait depuis bientôt deux ans. Alors, pourquoi pas elle ?
Lassée de cette vie de misère, ô combien laborieuse mais dépourvue du moindre espoir de lendemains radieux, et surtout encouragée par sa récente discussion avec la fameuse compositrice, à l'occasion d'un de ses derniers passages dans le comté, Lucy avait arrêté sa décision. Elle-aussi savait chanter, et plutôt bien, ma foi ! Conteuse née, de surcroît - elle charmait délicieusement nos veillées hivernales, et belle comme un cœur, ce qui ne gâtait rien, elle pensait tirer profit de tels avantages, et bientôt pouvoir elle-même graver un succès comme 'New bumble bee'.
Seulement voilà, moi, de mon côté, je ne possédais pas le même talent que Joe McCoy pour accompagner Lizzie Douglas. Je savais juste plaquer quelques accords basiques sur une guitare, et encore, lorsque mon pote Sam consentait à me prêter la sienne. J'étais également beaucoup plus résigné que Lucy, quant à mon propre avenir. Aussi, c'est avec application que je noyais mon blues dans l'alcool frelaté, tout en guettant désespérément son retour.
Et de fait, une sorte de 'Meningitis blues' me gagnait à mesure qu'il tardait...
...Je me suis réveillé passablement vaseux, au chant strident du coq, le matin suivant, le crâne enserré dans un étau, pulsant à un rythme d'enfer, comme si mille marteaux cognaient de concert sur l'enclume de notre forgeron local.
Une senteur tenace de magnolia planait au dessus de ma couche, décuplant ma migraine. C'était celle, reconnaissable entre toutes, avec laquelle Lucy Mae se parfumait chaque dimanche et jour de fête. Il s'agissait d'un macérat de fleurs élaboré selon une recette familiale, transmise de mères en filles, et dont le joli flacon, triste reliquat de coquetterie délaissé dans sa fuite, s'était brisé lors de ma rencontre nocturne avec cette maudite table de nuit...
Lucy, ma tendre et toute à la fois volontaire petite-amie, s'était faite la malle pour Chicago, sur un coup de tête, voici plusieurs semaines déjà.
Elle voulait tenter sa chance dans la windy city, à l'égal de Memphis Minnie, qui y brillait depuis bientôt deux ans. Alors, pourquoi pas elle ?
Lassée de cette vie de misère, ô combien laborieuse mais dépourvue du moindre espoir de lendemains radieux, et surtout encouragée par sa récente discussion avec la fameuse compositrice, à l'occasion d'un de ses derniers passages dans le comté, Lucy avait arrêté sa décision. Elle-aussi savait chanter, et plutôt bien, ma foi ! Conteuse née, de surcroît - elle charmait délicieusement nos veillées hivernales, et belle comme un cœur, ce qui ne gâtait rien, elle pensait tirer profit de tels avantages, et bientôt pouvoir elle-même graver un succès comme 'New bumble bee'.
Seulement voilà, moi, de mon côté, je ne possédais pas le même talent que Joe McCoy pour accompagner Lizzie Douglas. Je savais juste plaquer quelques accords basiques sur une guitare, et encore, lorsque mon pote Sam consentait à me prêter la sienne. J'étais également beaucoup plus résigné que Lucy, quant à mon propre avenir. Aussi, c'est avec application que je noyais mon blues dans l'alcool frelaté, tout en guettant désespérément son retour.
Et de fait, une sorte de 'Meningitis blues' me gagnait à mesure qu'il tardait...
Dernière édition par Flovia le Mar 13 Sep 2016 - 20:34, édité 1 fois (Raison : vidéo en double)
Flovia- The voice of Bluesland
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Re: Nous sommes en 1931
Je me souviens vaguement maintenant... c'était un jour voici quelques années, dans un rade pas loin de Memphis, j'ai entendu une voix comme un long sanglot dans la nuit...comme si le Mississippi se mettait à pleurer. J'ai poussé la porte, personne ne m'a remarqué tous semblaient fascinés par cette femme dans un halo de fumée qui chantait, imposant par la beauté de sa voix le silence à tous les poivrots qui descendaient du mauvais whisky. Ce soir là j'ai compris qu'on pouvait être encore plus malheureux que moi...
_________________
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Re: Nous sommes en 1931
Flovia a écrit:(Riche idée, Tidji! )
...Je me suis réveillé passablement vaseux...
Flo, j'avais choisi un prénom (Koko) sans préciser le genre, il donc peut se décliner au féminin...
Autrement je vois qu'il y a pas mal d'idées dans les têtes (et dans les coeurs!!). On laisse rouler encore un peu Koko Owens, mais vous pouvez déjà vous préparer, il (ou elle) va bientôt émigrer, on le (la) retrouvera bientôt en 1937 dans une grande ville du Nord.
En attendant, tournez manèges, à qui le tour???
T.Jiel- ça marche pô chez moi
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Re: Nous sommes en 1931
T.Jiel a écrit:Flovia a écrit:(Riche idée, Tidji! )
...Je me suis réveillé passablement vaseux...
Flo, j'avais choisi un prénom (Koko) sans préciser le genre, il donc peut se décliner au féminin...
Autrement je vois qu'il y a pas mal d'idées dans les têtes (et dans les coeurs!!). On laisse rouler encore un peu Koko Owens, mais vous pouvez déjà vous préparer, il (ou elle) va bientôt émigrer, on le (la) retrouvera bientôt en 1937 dans une grande ville du Nord.
En attendant, tournez manèges, à qui le tour???
Ben si, Tidji, tu as commencé l'histoire par : ''Il m'a dit : Hello fils !'' .
Pour moi, Koko Owens était donc un garçon.
Et d'ailleurs Blind Willie Régis a embrayé avec un ''lui-aussi voulait chanter le blues''.
Sinon, cohérence mise de côté, aucun souci, Koko peut aussi bien être une nana, qui aurait eu (les plus macho d'entre vous vont juste légèrement grincer des dents... ) pour dernière petite amie, la dénommée Lucy Mae !...
Flovia- The voice of Bluesland
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Re: Nous sommes en 1931
BAYOU a écrit: Ce soir là j'ai compris qu'on pouvait être encore plus malheureux que moi...
Et malheureux, je le fus plus encore, lorsque, bien obligé de me lever pour aller aider, comme promis, mes parents à extraire ronces et broussailles d'une vilaine jachère jusqu'ici au rebut , soudain mon pied s'empala sur l'un des éclats de verre qui jonchaient le parquet sommairement latté de mon shack.
''Sacré nom de dieu, pu.... de lady lotion !!!'' m'exclame-je, sentant une douleur aiguë vriller sa plante. Déjà le liquide visqueux et tiède en sourdait.
''Il va me falloir panser ça vite fait avant d'enfiler mes godillots !''.
Et tout en palpant mon pinglot à la recherche du débris fautif, je repensais avec nostalgie à ma chère Lucy tête-dure, obstinée certes, et néanmoins si habile à prodiguer les premiers soins en cas d'urgence. Les paroles du 'Hard-headed woman blues', à la manière de Clifford Gibson, me revinrent aussitôt en tête.
Eh oui, que voulez-vous, mal voyant comme je l'étais, et de plus bigrement sonné par la soirée copieusement arrosée de la veille, cette entaille n'arrangeait guère mes affaires !
Il allait faire chaud, très chaud, dans les champs, aujourd'hui ! Déjà le soleil dardait ses rayons incendiaires au travers d'une vitre à présent opaque, et un risque d'infection me pendait au nez si je ne me soignais pas.
De la plaie, j'extirpai enfin tant bien que mal la brisure coupante et le sang se mit à jaillir de plus belle.
Hélas, ma douce Lucy Mae n'était plus là pour s'occuper de son pauvre Koko, comme veiller au bon ordre de mon logis!...
Je tâtonnai donc à la recherche de ma flasque de tord-boyau, désormais compagnon quotidien de chevet, en arrosai copieusement la coupure, tout en me saisissant d'un vieux maillot traînant sur ma paillasse dont je déchirai des dents un pan afin d'en bander du mieux que je pus cette blessure.
Une fois frusques et brodequins enfilés, je claquai la porte de ma cabane, le regret d'une bonne tasse de café maison, façon Lucy, s'insinuant en moi, tandis que je gagnais, le ventre creux et d'une démarche hésitante, la friche familiale, espoir de futures cultures qu'en mon for intérieur j'estimais illusoire. Rag, mon corniaud fugueur, revenu de je-ne-savais-fichtre-où, me rejoignit vivement, de nouveau fidèle guide de mes pas. Et c'est presque ravigoté par cette aide inespérée que, chemin faisant, j'entonnais à mi-voix, le 'Good coffee blues' de Funny Paper Smith...
Dernière édition par Flovia le Mer 14 Sep 2016 - 7:59, édité 1 fois
Flovia- The voice of Bluesland
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Date d'inscription : 19/03/2009
Re: Nous sommes en 1931
Effectivement , mais c'était juste le personnage que j'avais en tête et que j'ai mis en scène histoire d'amorcer le truc. Après, libre à chacun de voir tout autre chose à partir des données de départ : Koko Owens, 22 ans, black sans boulot, aîné(e) d'une fratrie de 7 enfants avec des parents qui s’esquintent et ne parviennent pas à nourrir tout leur monde.Flovia a écrit:
Ben si, Tidji, tu as commencé l'histoire par : ''Il m'a dit : Hello fils !'' .
C'est marrant parce que du coup s'ouvrent 2 possibilités 1) on s'en tient à ce que nous évoque le cadre de l'histoire, 2) on continue l'histoire à partir de ce qui a été dit dans les messages précédents... .
Peu importe il me semble.
En tout cas, joli voyage musical, bravo !
T.Jiel- ça marche pô chez moi
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Age : 68
Localisation : Le Mans
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Nous sommes en 1931
Oups! La consigne selon laquelle Koko était sans emploi m'avait complétement échappé... Passages hors contexte à présent modifiés!T.Jiel a écrit: données de départ : Koko Owens, 22 ans, black sans boulot, aîné(e) d'une fratrie de 7 enfants avec des parents qui s’esquintent et ne parviennent pas à nourrir tout leur monde.
Flovia- The voice of Bluesland
- Nombre de messages : 7510
Age : 66
Localisation : Dordogne
Date d'inscription : 19/03/2009
Re: Nous sommes en 1931
J'en avais vraiment marre de cette cambrousse où la vie était si dure, les gars avaient parlé d'une grande ville ville dans le nord avec sa vie facile et les dollars qui tombent du ciel.
Je me suis décidé, j'ai sauté dans un wagon à bestiaux, bien sûr ça ne sentait pas la rose mais l'espoir, l'espoir....
Dans une grande courbe le train à ralenti et deux gars sont monté, eux aussi voulaient aller dans la grande ville, on a sympathisé, en fait il ne voyait que dalle c'est leur pote qui les avaient guidé jusque là, y'en a un c'était un pasteur ou un truc du genre. alors ils ont commencé à jouer, il étaient flanqué de leur guitare, autant dire que cette partie du voyage fut plutôt agréable.
Je me suis décidé, j'ai sauté dans un wagon à bestiaux, bien sûr ça ne sentait pas la rose mais l'espoir, l'espoir....
Dans une grande courbe le train à ralenti et deux gars sont monté, eux aussi voulaient aller dans la grande ville, on a sympathisé, en fait il ne voyait que dalle c'est leur pote qui les avaient guidé jusque là, y'en a un c'était un pasteur ou un truc du genre. alors ils ont commencé à jouer, il étaient flanqué de leur guitare, autant dire que cette partie du voyage fut plutôt agréable.
Re: Nous sommes en 1931
C'est peu de temps après à Moorhead, là où le Southern Cross the Dog qu'on s'est fait jeter du train.....
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